Céline Berthod, coordinatrice Collège au cinéma Bouches-du-Rhône et du Festival Cinémanimé à l’association Les Écrans du Sud, coordonne également l’expérimentation régionale du dispositif Étudiant.es au cinéma depuis la rentrée 2024.
Céline Berthod, coordinatrice régionale Étudiant.es au cinéma pour Écrans du sud : « Nous cherchons à toucher des étudiants pas forcément cinéphiles »

Dans la région, qui participe au dispositif et avec quelles modalités ?
Céline Berthod : Pour cette première année d’expérimentation, nous nous sommes mis en lien avec l’IUT Marseille Saint-Jérôme d’Aix-Marseille Universités. Le dispositif fait partie des projets tutorés proposés aux 50 élèves de deuxième année du BUT Techniques de commercialisation : elles sont 10 étudiantes à l’avoir choisi. Elles sont donc volontaires, mais c’est un projet scolaire, qui se déroule sur le temps scolaire : elle bénéficient de plusieurs temps de rencontres et de formation, et leur mission est d’organiser dans la salle partenaire (Les Variétés à Marseille), des événements et d’y faire venir des étudiants. Elles gèrent ainsi l’animation, la communication, la programmation… En lien, bien sûr, avec le cinéma et leur professeure. Le projet dure de septembre à mars.
Quels sont les objectifs du dispositif ?
La volonté est double : faire découvrir les métiers du cinéma, mais surtout sensibiliser des étudiants, et faire venir en salle ceux qui ne sont pas cinéphiles. C’est la raison pour laquelle nous nous associons à des cursus autre que les cursus lettres, cinéma, etc.
Vous êtes plusieurs partenaires associés à ce dispositif. Concrètement, qui fait quoi ?
L’AFCAE coordonne au niveau national, mais sur le terrain, chaque région l’applique comme elle le souhaite.
De notre côté, en tant que coordinateur régional, nous avons conçu le dispositif avec le cinéma Les Variétés et la professeure de l’IUT Marianne Meyrand, qui propose ce projet tutoré aux étudiantes de son cours Expression-communication-culture.
Ensemble, nous avons fixé comme objectif aux étudiantes d’organiser 4 soirées au cinéma Les Variétés. Pour les accompagner, nous avons établi un programme de rencontres, de formations et de prévisionnements. Ainsi, elles sont venues au cinéma toutes les trois semaines environ, et elles ont rencontré 3 intervenants : Andrea Haug, scénariste et réalisatrice, qui leur parlé des métiers du cinéma, Naomi Camara, qui travaille à Écrans du Sud sur le site Séances Spéciales et qui leur a expliqué comment elle communique sur les événements cinéma, ainsi qu’une critique de cinéma, Marilyn Alligier. Elles ont aussi eu une formation d’une journée à la prise de parole en public pas l’association Les doigts dans la prise, financée par l’AFCAE pour tous les étudiants participant au dispositif en France.
Le rôle du cinéma Les Variétés est donc de penser le dispositif avec nous puis d’accueillir les séances et les événements. Il s’occupe aussi de choisir les films à leur montrer.
La professeure Marianne Mayrand conçoit aussi le dispositif avec nous, et elle est notre lien avec les étudiantes : elle les a recruté, elle les accompagne dans l’organisation, elle répond à leurs questions, etc.
Aix-Marseille Universités (AMU) participe aussi financièrement, notamment via l’achat de carnets de tickets pour que les étudiantes puissent venir au cinéma Les Variétés hors temps scolaire.
Comment ont été recrutées les étudiantes ?
Nous avions cette envie de travailler avec des étudiants en dehors des cursus cinéma, culture ou littérature. Nous connaissions déjà cet IUT, et lorsque nous l’avons contacté, nous avons assez vite trouvé cette professeure motivée pour en faire un projet scolaire. C’est elle qui l’a présenté à sa classe et qui a trouvé ces 10 volontaires (sur les 50 élèves). Certaines sont un peu cinéphiles, mais d’autres pas du tout.
Comment le dispositif est financé ?
Les coordinateurs et la salle n’ont pas de financement. En revanche, l’AFCAE dispose d’une enveloppe et finance, au cas par cas, les frais liés aux événements : un buffet, la venue d’un intervenant… De son côté, l’université a pris en charge une partie de la billetterie des étudiantes participantes, et leur a aussi financé des carnets de cinq séances – afin qu’elles puissent aller gratuitement au cinéma sur leur temps libre.
Quelques semaines avant la clôture de la première année d’expérimentation, quel bilan en faites-vous ?
Un bilan plutôt positif ! On note d’abord une bonne fréquentation des soirées. Côté étudiantes, elles semblent assez contentes d’avoir découvert ce milieu. En revanche, ce que l’on note déjà, c’est peut être le manque de temps : entre les soirées, les rencontres et les formations, nous leur avons finalement peu montré de films. Nous avons également eu une discussion sur les effectifs : pour l’organisation des soirées, le fait d’être 10 étudiantes peut poser problème… C’est peut être des choses que nous devrons réajuster en fonction du bilan et des discussions avec les autres partenaires.
Comment pensez-vous déployer le dispositif pour l’année 2025-2026 ?
Nous allons reconduire le dispositif à l’IUT de Saint-Jérôme, mais nous allons aussi étendre l’expérimentation à d’autres établissements. Pour le moment, nous sommes en lien avec un IUT Génie biologique (Aix-Marseille Universités) à Dignes-les-Bains (83). Nous devrions aussi nous associer au cinéma Les Variétés à Nice, au cinema Les Arcades à Cannes (06), et à un cinéma à La Valette-du-Var (13). Je suis en recherche de groupes d’étudiants.
Dans tous les cas, nous resterons dans cette volonté d’aller chercher les étudiants dans des cursus éloignés du cinéma et de la culture… Car pour les jeunes cinéphiles, il existe le dispositif des Ambassadeurs jeunes du cinéma. C’est, pour moi, la grande différence entre ceux dex dispositifs adressés aux jeunes.