Catherine Mallet, coordinatrice Ma classe au cinéma pour le 13 : « Une des difficultés est de garantir l’égalité d’accès aux dispositifs du CNC »

Catherine Mallet, en charge des scolaires et du jeune public au cinéma La Cascade à Martigues, coordonne également les dispositifs Maternelle au cinéma et École et cinéma dans les Bouches-du-Rhône (13). Elle participe aussi au Comité de Pilotage national Ma Classe au cinéma.

Elle livre son diagnostic de l’accès à ces dispositifs.

Dans les Bouches-du-Rhône, identifiez-vous des zones dans lesquelles les dispositifs du CNC Ma Classe au cinéma sont moins accessibles ?

Il y en a peu, mais il y en a. Ce qui fait qu’un dispositif scolaire arrive à exister, ce sont trois acteurs : un cinéma, un enseignant et une collectivité (les Communes ou Communautés de communes pour les écoles maternelles et primaires, les Départements pour les collèges et les Régions pour les lycées).

  • Les cinémas : en France, notre territoire est bien doté en salles de cinéma, y compris dans des endroits reculés. Nous avons aussi un réseau de cinémas itinérants, qui permet à des endroits isolés d’accueillir des projections dans des lieux publics… Et d’accueillir aussi des séances scolaires – dans le cadre des dispositifs du CNC, mais pas seulement.
  • Les collectivités ont un rôle d’accompagnement. Dans le cadre des cinémas itinérants, elles peuvent par exemple mettre à disposition une salle. Elles peuvent aussi prendre en charge les transports sur leur budget.
  • Les enseignants sont aussi moteurs pour demander à participer aux dispositifs, et les faire vivre au sein de leur établissement.

Ce qui définit une zone blanche, c’est quand l’un de ces trois acteurs ne s’investit pas dans les dispositifs.

« Ce qui fait qu’un dispositif scolaire arrive à exister, ce sont trois acteurs : un cinéma, un enseignant et une collectivité. Ce qui définit une zone blanche, c’est quand l’un de ces trois acteurs ne s’investit pas dans les dispositifs. »

Pour quelles raisons ces acteurs se désengagent parfois de ces dispositifs ?

Aujourd’hui, je vois trois raisons pour lesquelles on arrive à une zone non couverte par un dispositif Ma classe au cinéma.

Dabord, les transports. Certains établissements ont un cinéma accessible à pieds ou en transport en commun. C’est le cas pour les grandes villes mais aussi pour certaines moins grandes, comme Embrun, qui est située dans une zone assez rurale mais dispose tout de même d’un cinéma. Mais quand il n’y a pas de cinéma à proximité, il faut louer un bus. Or, cela représente un coût très important – qui a été accentué avec l’inflation. Il peut être pris en charge par la collectivité, et certaines le font… Mais c’est une forme d’inégalité : la prise en charge du transport dépend de son bon vouloir et de ses possibilités budgétaires. Pour moi, c’est le plus gros frein : la mobilité et les déplacements.

Ensuite, la méconnaissance des dispositifs. Il arrive qu’il y ait un cinéma à proximité des écoles, mais qu’il ne propose pas les dispositifs. Parfois, les personnes du cinéma ne les connaissent tout simplement pas. D’autres cinémas peuvent être volontaires, mais manquer de moyens pour accueillir les scolaires, notamment en terme de personnel : nous avons ce cas sur notre territoire.

Enfin, le manque de connaissance ou de volonté des enseignants. Les équipes d’enseignants se renouvellent régulièrement et il suffit parfois que la personne qui portait les dispositifs quitte l’école pour que la participation s’arrête. Sans cesse, il faut donc revenir, redire les objectifs, le fonctionnement des dispositifs… Et même lorsque les enseignants connaissent dispositifs, s’y associer nécessite de travailler des films de catalogue, de composer ce parcours en trois séances, d’avoir un travail pédagogique : c’est un investissement. La participation des classes aux dispositifs est donc très dépendante des personnes qui passent le petit bâton de l’éducation aux images !

Face à ces difficultés, que faudrait-il faire ?

Notre rôle de coordinateur est là. Lorsqu’une classe souhaite participer, nous regardons si elle peut être couverte par un cinéma ou un circuit itinérant. Nous regardons quelle solution de transport est à sa disposition et si la commune peut y contribuer. Parallèlement, nous invitons les cinémas à participer aux dispositifs. Néanmoins, quand les problématiques sont liées à l’aménagement ou aux finances, nous avons peu de prise !

Pour ce qui est des enseignants, je pense qu’il faut que l’information soit diffusée dans leur formation initiale. Et je pense aussi que les collectivités ont un rôle énorme à jouer : elles peuvent financer les transports, s’engager pour garder un cinéma, mais aussi tout simplement mettre à disposition un bâtiment en bon état pour qu’un cinéma itinérant puisse installer son projecteur.

« Les collectivités ont un rôle énorme à jouer : elles peuvent financer les transports, s’engager pour garder un cinéma, mais aussi tout simplement mettre à disposition un bâtiment. »


Lieu

Cinéma La Cascade

Catherine Mallet