collège des Chartreux, Marseille
En utilisant les techniques de la vidéo, de la pixilation et du stop motion, nous avons expérimenté avec les élèves différents niveaux de fiction, pour appréhender autrement leur univers quotidien et envisager sa transformation cinématographique.
- Type d’atelier : atelier de création audiovisuelle dans le cadre du programme Vive mon collège, sensibilisation de collégiens à l’architecture
- Durée : janvier-mai 2014 – 20h d’intervention avec les élèves
- Lieu: Collège Les Chartreux
- Intervenant(s) artistique(s) : Charlotte Penchenier, avec l’aide de Fouziya Limoan (stagiaire) et Anne-Lise King
- Public : 25 élèves de 5ème
- Diffusion : Exposition des projets au Conseil d’Architecture d’Urbanisme et d’Environnement des Bouches du Rhône 16 au 27/06/14, projections au collège dans le cadre de la Semaine des arts (juin 2014)
Le dispositif « Vive mon collège ! » porté par le CAUE 13 (Conseil d’architecture, d’urbanisme et d’environnement des Bouches-du-Rhône), vise à sensibiliser les collégiens à l’architecture, à l’aide de rencontres avec l’architecte Emmanuel Soulier (découverte de l’architecture du collège : ballade sensible, photos, dessins…), puis la création d’une œuvre audiovisuelle, photographique ou plastique avec un artiste sélectionné, en collaboration avec les enseignants.
Durant une première phase d’écriture (10h avec les élèves), nous avons travaillé avec les élèves pour imaginer un projet de film ou d’installation : visionnage de films, petits exercices vidéos (filmer une action inhabituelle dans le collège, en un plan fixe d’une minute maximum), questionnaire sur le collège rêvé, dessins de lieux imaginaires, travail collectif sur le scénario (inspiré du cadavre exquis), visionnage de photos de Banksy (trompes l’oeil sur le mur séparant l’état d’Israël des territoires palestiniens). Notre travail consistait à rebondir de séance en séance sur les pistes proposées par les élèves pour en proposer d’autres ou les approfondir. Avec la difficulté, pour eux, de se projeter concrètement dans la réalisation d’un film.
Première piste envisagée :
« Un élève en fond de classe s’ennuie et gribouille sur le mur : « le collège est pourri ». D’autres élèves se répondent et une correspondance se développe. Le mur devient alors un lieu d’expression où les élèves inscrivent leurs états d’âme, leurs mécontentements, leurs revendications ».
Deuxième piste : suite au visionnage des photos de Banksy, surgit l’idée qu’un collège imaginaire pourrait se cacher derrière un rideau, une fenêtre, une fissure… Un élève le découvrirait et partagerait sa découverte miraculeuse avec ses camarades.
Durant la phase de réalisation (10h avec les élèves), nous mettons en œuvre le scénario retenu qui mêle ces deux pistes. Nous optons pour des techniques différentes permettant de passer d’un monde à l’autre, du réel à l’imaginaire : un tournage vidéo classique, la pixillation et le stop motion pour évoquer le collège imaginaire, via la fabrication de décors en classe d’arts plastiques et l’utilisation d’un banc titre. Pour la bande son, la description des lieux imaginaires et les bruitages des scènes en pixillation sont enregistrées avec les élèves en petits groupes.
En juin 2014, le film est présenté à 8 classes du collège les Chartreux pendant la Semaine des arts. Il est ensuite projeté dans une « boîte noire » dans le cadre de l’exposition de tous les projets « Vive mon collège » de l’année 2013-2014, au CAUE 13.
Collège des Caillols, Marseille
Au collège vivent chaque jour des dizaines d’élèves entre 11 et 16 ans. C’est un lieu “habité” par autant d’histoires personnelles, de questionnements et de désirs d’adolescents qui se croisent sans bien souvent être nommés ni entendus.
A travers des évocations autour du souvenir, du rêve, de la colère et de la liberté, 15 adolescents d’une classe de 5ème SEGPA du collège Les Caillols de Marseille nous racontent avec émotion et sincérité des fragments de leur histoire et de leur ressenti quotidien à l’intérieur du collège. Un collège dont l’architecture devient alors tout simplement humaine.
- Dates de l’atelier : décembre 2013 – juin 2014
- Durée : 30 heures d’intervention (hors montage du film)
- Séances : 15 séances de 2 ou 3 heures
- Lieux : Collège les Caillols, 13012 Marseille
- Intervenant(s) artistique(s) : Axelle Schatz
- Public : 15 élèves de 5ème SEGPA
- Diffusion : Projection dans le collège
L’atelier « Vive mon collège, une architecture à vivre » est un dispositif de sensibilisation à l’architecture mené par le CAUE 13. Il vise à impliquer les élèves dans leur établissement et comme acteurs de leur cadre bâti.
Les élèves participants de cette session font partie d’une classe de 5ème SEGPA (Enseignement spécialisé pour élèves en difficulté scolaire), difficile déjà l’année précédente : les élèves ont des difficultés à accepter et respecter les règles du collège, font l’objet de rejet des professeurs du général, sont générateurs d’incidents. Il s’agissait d’une classe peu soudée et d’élèves souvent en conflit.
Ils expriment un grand besoin de reconnaissance et un sentiment douloureux d’exclusion et de stigmatisation des SEGPA.
Le projet s’inscrit dans une démarche de remédiation.
J’ai mené en collaboration avec Laure Prieur, des ateliers d’écriture durant plusieurs séances autour du collège idéal pour commencer, puis rapidement autour d’évocations, de sensations et de ressentis à l’intérieur du collège. Chaque élève a participé à des rôles et des places différentes et toute personnelle, livrant peu à peu son histoire intime.
Pour orienter ces ateliers, nous avons choisi la notion de mur / de frontière entre l’intime et le public, ce qu’on veut montrer de soi, ce qu’on montre et comment on le montre.
Nous avons mené ces ateliers d’écriture avec l’enseignante jusqu’en avril. _ Concernant les textes il était évident que les élèves éprouveraient des difficultés à les lire “d’un trait” en in.
J’ai donc décidé de mettre toutes leurs voix en off et de filmer par rapport aux thèmes évoqués des séquences à l’intérieur du collège.
Les textes écrits par les élèves relevaient vraiment de leur intimité et j’ai voulu inscrire chacune de ces histoires personnelles dans l’architecture du collège à travers des déplacements, dans les couloirs notamment, dans la cour, et dans l’espace salle de classe.
Nous avons d’abord filmé un espace de classe qui se transforme, où les codes habituels et totalement induits par ce lieu seraient” transgressés” : danse dans la classe par exemple, tables déplacées, rapport élève-professeur transformé ou encore une séquence où les élèves s’installent complètement différemment en faisant d’autres “activités” que celles réalisées en classe normalement. : certains jouent, dorment, sautent au-dessus des tables etc…. tout cela étant en lien avec les évocations des textes traitant de liberté, de rêves, de jeux…
Ensuite chaque élève a dû réaliser un travelling à l’intérieur du collège, seul, filmant ce qu’il regarde et ce qu’il ressent, ses pieds le plafond, le ciel par les fenêtres etc… Mais je leur ai juste donné quelques indications, il s’agissait de laisser libre cours à leur ressenti.
Après nous avons filmé chaque élève en silence devant un mur du collège, des portraits silencieux où parfois des mots venaient naturellement.
Nous n’avons pas eu assez de temps pour faire une petite formation express à la caméra mais la plupart des élèves éprouvaient le désir de filmer, c’est pour cela que chacun a pu à un moment ou un autre filmer avec moi ou seul dans les couloirs.
Les plans d’ensemble du collège sur la deuxième bande de l’installation vidéo ont été réalisés par deux élèves, partis seuls à travers le collège pour filmer.
Pour la séquence souvenir de la grand-mère, c’est l’élève qui a spontanément ramené la photo de sa grand-mère pour illustrer son texte, et j’ai imaginé après la mise en scène retraçant ce chemin imaginaire jusqu’à elle avec des cailloux.
Certains élèves ont joué un réel rôle d’assistant technique.
L’un deux, un élève en grande difficulté, a montré une capacité d’investissement et fait beaucoup d’efforts pour se concentrer et manier la caméra.
La notion d’architecture était assez difficile à aborder avec des élèves de SEGPA mais nous avons trouvé un chemin personnel à chacun pour rendre l’architecture du collège plus “humaine”.
Le choix de mélange des voix a très bien été compris par les élèves, ils ont tout de suite en voyant un début de montage, ressenti les différences et les points communs qui les lient.
Nous avons travaillé une journée ensemble à l’Alhambra, en salle de montage. Cette étape a été très importante, ils ont découvert les principes du montage, et ont pu visionner leur travail en cours. Certaines séquences étaient en train d’être montées et nous avons pu débattre des choix à faire, du sens à donner à certaines images. Ils ont vraiment participé et aimé ce moment-là.
Concernant la diffusion dans le collège, nous nous sommes donc installés dans la salle de classe de l’enseignante pour montrer notre travail.
2 bandes vidéo projetées simultanément et des panneaux fabriqués avec des dessins et des textes des élèves (certains dessins ont été réalisés par des élèves du général). Les professeurs venaient voir l’installation avec leur classe durant les heures de cours.
Ce système a très bien fonctionné, et les retours ont été enthousiastes tant de la part des professeurs que des élèves du général, SEGPA et ULIS.
Concernant les élèves ayant participé, ils ont été très surpris du « résultat » et très fiers de leur réalisation. Beaucoup étaient réticents au départ à être “filmés”, soucieux de leur image vis-à-vis des autres élèves.
Mais après le premier visionnage du film terminé, c’était l’inverse ! Ils voulaient tous des DVD, applaudissaient etc… Chacun a assumé son image, et son histoire racontée sans plus aucune “honte” ou inquiétude.
L’enseignante m’a rapporté que les élèves se sentaient vraiment valorisés et que ce projet a tissé des liens réels entre eux, et permis à certains de trouver une place au sein de la classe. Au fil des séances, le groupe était plus soudé et solidaire, faisant preuve d’une meilleure acceptation mutuelle.
Globalement, pour ce groupe d’élèves en grande difficulté scolaire, ce projet leur a permis de construire une image positive d’eux mêmes en tant que collégiens.
Concernant la diffusion dans le collège, les retours sont positifs, les professeurs sont favorablement étonnés du résultat. Il y a des remarques traduisant une réelle découverte des élèves de Segpa et de leurs capacités.
Il semble que le but que nous poursuivions ait été atteint : ces élèves sont vus autrement que comme des éléments perturbateurs mais enfin comme des élèves fragilisés dans le système scolaire qui ont des choses à dire et à partager.
Les retours des autres élèves de classes générales sont très positifs : encouragements, remerciements… de nombreux témoignages sont consignés dans le cahier laissé à disposition lors de la projection.
Selon l’enseignante Laure Prieur : « Ce beau projet a permis de libérer la parole d’élèves qui sont habituellement en rejet de prises de parole réfléchies et contrôlées.
La réalisation de cette vidéo a été pour la plupart la découverte que leur parole avait un intérêt et permettait de s’ouvrir aux autres. Cette expérience a amené une évolution de leur posture en tant qu’élève mais également en tant qu’individu. »