2005 — ATELIER CINEMA – LES YEUX AU CIEL, LES PIEDS SUR TERRE

Des patients de l’hôpital de jour de Martigues, réunis dans un atelier d’écriture par la Médiathèque Louis Aragon, élargissent leur expérience au cinéma.
En 2005 ils réalisent un premier film de 23 min avec des cameras super 8, comme une échappée, une affirmation souveraine de leur façon d’être au monde.

Sept films de trois minutes, réalisés par les patients de hôpital de jour, sont mis bout-à-bout dans une promenade jamais tranquille.
Ils scrutent ce paysage, le remuent, le retournent sur lui-même, comme pour lui faire une confidence au plus près.

A Martigues, la ville est bordée par les plages d’un grand étang qui rejoint la mer. Des oiseaux y vivent en bandes tournoyantes, dans un ciel rarement limpide, les usines pétro-chimiques sont là, autour.
Les rues enjambent l’eau et s’achèvent en quais, où brinqueballent des barques aux noms tendres.

Un long mur, sur la jetée, a été transformé par les taggeurs en coussins de couleurs vives.
Des animaux en captivité surgissent, au détour d’un plan ou d’un son,
ponctuation féroce de questions sans réponse qui mordent au coeur.
Deux femmes enchevêtrent leurs mots et leurs images. L’une d’elle se niche dans les longues volutes du tabac. L’autre, en costume de vampire, danse jusqu’à disparaître à l’horizon.
« Je veux filmer en flagrant délit », dit Jurgen.

Un village en ruine, à moitié avalé par la terre, s’emplit soudain de cris d’enfants invisibles.
Les mains de Chantal et Aïcha sont d’une légèreté extrême, comme les fleurs, les jardins, les êtres qu’elles filment longuement, dans un geste d’effleurement.
Les bâches d’une fête foraine claquent au vent. Un jeune homme poursuit des oiseaux, puis se projette contre un grillage, tête en bas, dans une figure acrobatique connue de lui seul.