2016 — ATELIER DÉBAT – LA TORTUE ROUGE AU CINEMA LE COLUCHE

Atelier d’animation de débat autour du film La Tortue Rouge de Michael Dudok de Wit.

  • Type d’atelier : Atelier débat
  • Date de l’atelier : Novembre 2016
  • Lieu : Cinéma Le Coluche (Istres)
  • Durée de l’atelier : projection et 1 heure de discussion
  • Intervenant(s) artistique(s) : Juliette Grégoire
  • Public concerné : Une quinzaine d’enfants de 8 à 10 ans

Cet expérience a été conduite dans quatre autres salles de la région, parfois avec des adultes, dans le cadre du Festival CinémAnimé, organisé par l’association Cinémas du sud : au cinéma Le Rex (Châteaurenard), au cinéma Le Hublot (Laragne), à L’Alhambra et au Gyptis (Marseille).

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Paroles de l’intervenante

«Cela s’est passé le mercredi 16 novembre à Istres, au cinéma le Coluche. L’aimable direction m’avait prévenue qu’il risquait de ne pas y avoir beaucoup de monde à la projection. On annonçait la venue d’un groupe de 8 à 10 ans, d’un centre aéré, une quinzaine d’enfants et leurs 2 ou 3 accompagnatrices.
Je me suis présentée. La projection a eu lieu. Les lumières se sont rallumées.

Nous nous sommes tous regardés, en silence, quelques instants. Je crois que c’est la première fois où je me suis dit que les images et le son du film continuaient à vibrer dans la salle et qu’on n’allait pas les laisser s’échapper. On allait les prolonger.

Unité de temps, unité de lieu.

« Vous avez aimé ce film ? Pourquoi ? Qu’est-ce qui vous a plu ?

Comment s’appelle le héros ? Oh ! Il ne s’appelle pas !?

Pourquoi n’y a t-il pas de dialogue ? Est-ce que ça manque ? Qu’est-ce qu’on entend si on n’entend pas les mots ? … »


Ainsi commence le débat philosophique. Je progresse avec eux. Ils avancent avec moi. Nous nous étonnons les uns les autres. Nous cherchons à nous étonner, c’est à dire à « penser à côté ».

On parle de nature, de la place de la nature dans nos vies, de la place de l’humain dans la nature. On parle de famille, de présent et d’avenir, de vie et de mort. On parle d’amour et de chagrin, d’espoir et de malheur. On parle de choix à faire, de responsabilités, de fuites. On parle aussi de symboles (celui de la tortue, de la couleur rouge, de l’île déserte). On demande souvent : Pourquoi ?

Nous approfondissons ensemble nos idées, nos définitions, nous affinons nos questions jusqu’à les rendre claires. Nous repassons le film dans nos têtes, dans nos mots. Je ris. Ils hochent la tête, j’encourage, on reformule.

Nous faisons notre travail d’humain en échangeant nos émotions, nos récits, nos savoirs, nos idées, en les coordonnant, en les faisant rebondir pour voir comment ça vibre mieux si on change un mot, une virgule, une respiration, comment ça trouve un écho chez l’autre. Nous travaillons à un grand mystère. Et c’est joyeux.

C’est pourtant un effort gigantesque sur eux même qu’ils sont en train de faire, sur leurs automatismes de pensée, leurs habitudes de confort télévisuel. (Les accompagnatrices, qui ont peut-être 18-20 ans, sont bouche bée.) Mais ils sont braves comme des petits guerriers. Ils s’attèlent à la tâche comme si cela coulait de source et je crois qu’ils aiment être pris au sérieux.

Au bout d’une heure nous nous remercions en souriant avec bienveillance. Nous avons constitué une petite communauté de recherche, nous n’avons pas perdu notre temps, avant de nous séparer.»

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