2009 — ATELIER CINÉMA – NOUS PROJETONS

Aborder le cinéma en s’interrogeant sur la formation et l’apparition de l’image, projeter son regard en invitant son imaginaire.
Réaliser une image opérée par le temps, qui témoigne de diverses
transformations pour être au final mise en jeu sur l’écran.
Découvrir toutes les images qui se cachaient derrière.

SE NOURRIR, PARTAGER UNE EXPÉRIENCE DE REGARDS

DEUX FILMS:

« Fioritures» de Gari Bardinne, palme d’or du court
métrage à Cannes en 1988.

Il s’agit d’un film d’animation ayant pour technique
le fil de fer, le film démarre avec une bobine de fil de fer qui va donner naissance à un personnage masculin qui va à son tour utiliser ce matériau pour fabriquer son monde: un potager, une maison, un chien, une femme… Mais troublé par des désordres de voisinage, il va décider de construire une clôture pour
fermer son espace de vie. Il n’aura hélas plus assez de
fil et n’arrivant pas à profiter de sa création il va tour à tour tout détruire.

Ce film a beaucoup marqué les enfants et nous avons eu de longues discussions sur l’histoire et son contenu. Mon objectif était d’arriver à l’intérieur du film en m’appuyant sur leur mémoire, de manière à faire sortir les visions de chacun. Pour cela, je leur ai demandé de dessiner, sur grand format, tous les éléments du film dont ils se souvenaient. Au travers
de cet exercice il s’agissait aussi de faire émerger les éléments issus de l’imagination (qui n’existaient pas dans le film). Enfin de se situer à l’intérieur du groupe, en prêtant une oreille à chacun, et de remarquer que le même film pouvait laisser des traces différentes. Que la perception était quelque chose de très singulier, et les regards multiples.

«Fiddle-de-dee» de Mac Laren, réalisé en 1947.

Il s’agit d’une expérience singulière puisque le film a été conçu sans caméra, Mac Laren a utilisé le support vierge et a peint directement sur la pellicule. Le film est un enchaînement de couleurs et de traits qui s’animent en musique pour produire une chorégraphie joyeuse.

Très éloigné des films qu’ils ont l’habitude de voir, les enfants ont été globalement troublés par l’absence de personnage et de narration classique: « il y a pas d’histoire», « c’est que çà le film». Certains ont trouvé le film joyeux et ont fait marcher leur imaginaire en symbolisant les traits par des instruments de musique ou de feu d’artifices.

2- SUIVRE UN CHEMIN, PRENDRE LE TEMPS, VIVRE UNE EXPÉRIENCE

LA DIAPOSITIVE

Sur grand format

Feuille de celluloïd de 21cm ×29,4cm

J’ai demandé aux enfants de remplir l’espace par un dessin libre. Un seul feutre, pas de couleurs. La couleur sera mise lors d’une prochaine séance par des encres. Dissocier dessin et coloriage est un exercice difficile à leur âge.

L’ objectif était de les amener à prendre le temps, à investir ainsi plus longuement le contenu des dessins mais surtout de donner un rôle important à la couleur. Revisiter ainsi son dessin, l’habiller, privilégier une teinte, prendre le dessus sur les traits. Noter les changements opérés.

Choix d’un détail

A partir du grand format, je leur ai demandé de sélectionner un fragment destiné a entrer dans un cadre diapo, et ainsi de travailler la notion de détail qui isolé de son contexte porterait une nouvelle histoire.

S’échapper du contenu pour venir signifier autre chose. Derrière l’image se cache d’autres images.

Sur petit format

diapo 24mm 36mm

Parallèlement à cette mise en cadre, je leur ai donné un cadre diapo déjà apprêté. Ils devaient cette fois dessiner puis colorier en se pliant à un format pré-établi.
Travailler avec la limite de l’espace.

3- S’ENCRER DANS L’ESPACE, EXPRIMER L’EXPÉRIENCE

LA PROJECTION

Les séances de projections ont été très fortes. Nous avons commencé par un temps de compréhension du phénomène de projection et de discussion sur l’ombre.
Puis est venu le moment magique de découverte de leurs images, avec comme première surprise l’agrandissement induit par la pro-
jection. L’ échelle n’a plus rien à voir, l’ écran est entièrement recouvert. Naturellement, des jeux sont nés de ce constat et les enfants ont expérimenté avec leur corps, les ombres qui grandissent et rapetissent.

Nous avons investis sur plusieurs séances ces temps de projection.

Le groupe était divisé entre spectateurs et acteurs qui à tour de rôle improvisaient une intervention avec des images de leurs choix.
La surface de projection a été également mise en jeux, j’ai projeté une fois sans écran, directement sur les murs à l’endroit de la porte d’entrée. Les acteurs étaient munis
de feuilles blanches pour réceptionner des
fragments de la projection. L’idée était ici de faire corps avec l’image et de vivre une expérience sensorielle en étant tour à tour spectateur et acteur.