2002 — ATELIER CINEMA EXPERIMENTAL – VOUS ETES ICI

Cet atelier s’est étalé sur une durée de trois semaines avec six stagiaires de 13 à 30 ans dans le cadre d’un été au ciné, MJC de Manosque 2002 encadré par Dominique Comtat.

Il a aboutit à un film “Vous êtes ici” sur la ville de Manosque.

Il raconte:

“La contrainte était de réaliser un film sur la ville de Manosque, ville que je connaissais mal.
J’ai, dans un premier temps, décidé d’explorer cette ville, de flâner, de me laisser guider par ses rues tortueuses et labyrinthiques selon la technique de la dérive chère à Ralph Rumney et aux situationnistes.
J’appris alors que Ralph Rumney avait vécu plus de dix ans dans cette ville et qu’il y était décédé deux mois auparavant …
Lorsque j’ai reçu les stagiaires, je leur ai fait part de mon expérience et leur ai proposé de travailler la ville comme labyrinthe, je leur ai aussi bien sûr parlé des situationnistes, de la dérive et de Ralph Rumney.
A ma surprise une stagiaire connaissait bien les situationnistes et possédait une lettre de Ralph Rumney qui critiquait assez vertement la ville et la municipalité de Manosque…
Nous avons alors décidé d’utiliser cette lettre comme “scénario”, d’en la reprendre la structure en y dégageant les différentes idées que nous allions matérialiser par différents aspects et différents regard sur la ville de Manosque : les ruelles désertes et mal entretenues mais terrain d’aventure, de jeu en opposition à la seule rue marchande, le rue grande, avec ses beaux édifices et ses nombreux passants ; le mobilier urbain ; les portes (pas uniquement les portes nobles de la grand rue montrées par l’office du tourisme mais aussi des portes plus modestes, plus vétustes), des mains au travail, au repos, en train de jouer (le blason de Manosque est fait de quatre mains) ; les différents noms de rues (la rue de la liberté qui est grillagée, la rue du poète qui est une impasse, la rue sans nom que nous avons rebaptisée “traverse Ralph Rumney”, etc) ; les situations cocasses liées aux voitures qui sont toujours autorisées à circuler dans ces ruelles moyenâgeuses et très peu larges ; le détournement (cher aux situationnistes) de certains panneaux et slogans publicitaires (“vous êtes ici”, “libre à vous de (dé)penser plus”, etc).
Chacun des stagiaires a décidé de traiter un de ces aspects. En plus chacun mena seul une expérience de dérive d’une journée avec une petite caméra.
Ici aussi collectif et individu sont entremêlés.
J’ai effectué le montage seul mais montrais chaque semaine l’évolution de ce montage aux stagiaires afin d’en débattre collectivement.”