2008 — ATELIER CINEMA ET SUPER 8 – CINÉ CHICO – LE COQ ET L’HIRODELLE

7 min/Super 8/2008

Pour cette troisième année d’intervention audiovisuelle dans le quartier Escourtines-Montgrand, Pilar Arcila et Jean-Marc Lamoure ont conçu l’atelier « Ciné Chico » proposant aux enfants et aux adolescents du quartier un cycle de projections au centre social des Escourtines ainsi que deux ateliers de réalisations d’une semaine chacun.

“Le Coq et l’Hirondelle” est l’aboutissement d’un de ces deux ateliers, dans le quartier des Escourtines.

LE CYCLE DE PROJECTIONS :

Organisé au Centre social des Escourtines, les projections Ciné Chico ont rassemblé à 3 reprises une vingtaine d’enfants issus des deux quartiers (Montgrand et Escourtines) autour de films choisis en fonction de leur sujet et de leur durée.

Nous avons vidéo-projeté deux films de Buster Keaton : “Visage Pâle”, qui raconte l’arrivée d’un jeune américain, chasseur de papillon, sur le territoire d’une tribu indienne en passe de se faire expulser et “Voisins”, qui décrit les tensions entre deux familles de différentes catégories socioprofessionnelles dont les enfants souhaitent se marier.

L’humour politique et social de ces films a été très bien reçu par les enfants qui, le temps de ces projections, ont pu goûter au plaisir du cinéma et laissé ponctuellement de côté la violence de leur vie quotidienne.

Le troisième rendez-vous de projection s’est fait avec les deux groupes distincts à l’occasion du visionnage des images super 8 réalisées durant les deux ateliers de réalisation.

L’ATELIER :

L’intervention dans ce quartier s’est vue perturbée par plusieurs événements d’ordre social.

A ces événements se rajoute la présence d’une église évangélique, installée depuis l’année dernière dans le quartier. Les participants ne s’opposent pas à notre présence ni à la réalisation de l’atelier, mais ils manifestent une certaine méfiance vis-à-vis de toute personne étrangère à la communauté venant développer des activités d’expression.

Nous percevons une certaine tension chez les enfants et les femmes du quartier qui ne peuvent plus danser ni chanter en dehors du “culte”.

L’atelier a démarré dans cette atmosphère pour le moins crispée et nous avons débuté avec certains des enfants qui avaient participé les années précédents, des cousins de passage et quelques pères et mères de familles qui, curieux, se sont approchés.

Aucun participant ne souhaitant réellement prendre la direction d’un film en tant que réalisateur, nous avons engagé un travail collectif d’observation et de collecte d’envies, de chansons, de poèmes ou encore de petits exploits quotidiens.

A la fin de la première journée, nous avons observé que l’élevage des coqs est la nouvelle passion des garçons du quartier et qu’une fillette nous propose une chanson à propos d’hirondelle …

Nous leur avons alors suggéré que le film prenne l’allure d’une fable en leur lisant, assis sur un trottoir, celles d’Esope. Chemin faisant, nous avons remarqué qu’à la différence d’une fable, notre histoire de coq et d’hirondelle n’avait pas de morale et que c’était peut être mieux ainsi. S’en est suivi trois jours de déambulation à la recherche d’actions, de paroles ou de signes faisant écho à notre thème.