2007 — ATELIER CINEMA ET SUPER 8 – CINÉ CHICO

Ce film fait suite à un atelier d’initiation à la pratique audiovisuelle mené en 2006 au quartier des Escourtines- Montgrand. Nous avons souhaité en 2007 travailler avec les enfants résidant dans l’îlot d’habitation dit « quartier Montgrand » situé au bout d’une route à environ 1 km du Centre Social.

Pour cette nouvelle action, nous avons proposé un atelier thématique nous permettant de ne pas nommer la forme du film réalisé (fiction & documentaire) pour favoriser un geste d’expression poétique tout en gardant une attention sur les surgissements du réel.
Le choix du thème (Histoire) découle également de notre volonté d’inscrire ce projet au festival Regard Jeunes sur la Cité (octobre 2007) qui rassemble à Paris une centaine de films d’ateliers accompagnés par leurs jeunes réalisateurs.

Prolongeant formellement cette thématique, nous avons introduit l’usage du Super 8 Noir & Blanc, qui tout en offrant des temporalités différentes de la vidéo, nous a permis d’initier les participants aux apports et exigences d’un tournage en pellicule.

Nous imaginions travailler sur la transmission d’histoires entre les différentes générations au sein du quartier. Pour les enfants, l’histoire s’est traduite par une chanson, autobiographique, composée par un jeune du quartier. Cette chanson, connue de tous à Montgrand, raconte le parcours d’un jeune que l’accumulation de pratiques illicites mène en prison où un examen de conscience l’attend.
C’est donc à partir d’une histoire chantée que nous avons développé une forme mixte rassemblant des propositions de mise en scène de la chanson, des évocations poétiques autour de ses thèmes (vol, culpabilité, enfermement, liberté) et des éléments du réel glanés durant les quinze jours de tournage.
Cette histoire très locale nous a permis d’approcher les notions de frontières, d’enfermement (géographique et culturel).

Le quartier Montgrand

Cet îlot de maisons jumelles a été bâti il y a une trentaine d’années pour héberger provisoirement des familles gitanes, comoriennes et algériennes en difficulté. Après les premières années décrites comme heureuses par les habitants, le provisoire se prolonge et des problèmes de trafic en tous genres gangrènent le quartier.
Au rythme de la dégradation de l’habitat et des départs de familles, les maisons sont murées. Y demeurent une vingtaine de familles, essentiellement gitanes, aux prises avec les institutions françaises et tout récemment investies par une église évangéliste déguisée en association culturelle.

L’atelier :

L’atelier a débuté par le visionnage du court métrage « Temps Variables » fruit de l’atelier de l’année précédente et d’une séquence du film de Dominique Abel Agujetas, Cantaor (S-16 mm / N&B / 1998), suivi d’une réflexion collective autour du thème de l’Histoire.

Quand la chanson El patio de Robella est apparue comme le fil conducteur du film, nous avons fait avec les enfants un découpage des scènes et une répartition des rôles. Le tournage a eu lieu pendant les quinze jours de la période des vacances de Pâques, le groupe était mixte et son effectif très fluctuant.

Les participants se sont répartis selon les situations, en deux équipes de tournage (prise de son et vidéo, perchman, camera super huit, acteurs). Les scènes d’évocation de la chanson sont tournées en super 8 N/B et doublées en vidéo ce qui, tout en archivant des éléments de « making off », nous a permis de percher et d’enregistrer le son.

La projection du film de l’atelier

« J’espère que ça va vous aimer » dit une participante au public du quartier à l’occasion de la première projection du film.
Le fruit de l’atelier a été présenté en plein air dans le quartier au début de l’été, où il a reçu un accueil enthousiaste et chaleureux. Il a aussi été projeté lors du Festival Regards Jeunes sur la citée où il a été classé sixième parmi une sélection de quarante films.

Le film “El Patio de Robella” est disponible auprès de la Ligue de l’Enseignement P.A.C.A.