2011 — ATELIER CINEMA ET PAYSAGE – UN ARBRE

L’intervention a eu lieu au Lycée d’enseignement général, technologique et horticole d’Antibes. Elle était destinée aux élèves des classes préparatoires aux grandes écoles du paysage. Son objectif était de sensibiliser les élèves à la forme cinématographique à partir du principal objet de leurs études : le paysage.

Cette formation s’est déroulée en deux temps :

Une première séance a été consacrée à l’approche du plan à partir de la notion de paysage comme motif cinématographique. Il était demandé aux élèves de réagir aux extraits de films projetés qui tous prenaient le paysage comme axe de représentation. Sur la durée totale de l’intervention, la moitié a été consacré au plan et à son identification.
Partant d’un plan de Alexandre Promio réalisé en Palestine en 1897, « Départ de Jérusalem en chemin de fer », les élèves ont pu identifier les composantes du plan dans ses dimensions temporelles et spatiales, élaborer une réflexion sur la fixité et la mobilité de la caméra, sur le cadrage – et la dimension historique, visible et significative dans ce plan de Jérusalem à la fin du 19ème siècle, sous le règne de l’Empire Ottoman.

D’autres extraits et photographies de paysages ont servi de socle de réflexion sur la forme cinématographique : un plan de Sicilia de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet ; plusieurs photogrammes de films de John Ford se déroulant dans la région de la Monument Valley ; Lettre à Freddy Buache de Jean-Luc Godard. Ainsi, les élèves ont pu voir comment un paysage rural ou urbain s’inscrit dans une dramaturgie, se transforme et produit du sens, du symbole, dès lors qu’un cinéaste y inscrit son regard, travaille un point de vue par des moyens filmiques.
Les relations entre peinture et cinéma ont également été évoqué. Notamment à propos de certains tableaux de Bruegel dont Andreï Tarkovski s’est inspiré pour la composition de quelques plans de son film « Le Miroir ».
En fin de séance, il a été demandé aux élèves de réaliser un plan, sans contrainte formelle, ni de limitation de durée, mais avec l’obligation de prendre le paysage pour motif.

Un mois plus tard, les 18 élèves participant à l’atelier ont tous présentés un plan réalisé avec les moyens dont ils disposaient. Au cours de tours de table systématiques après le visionnage des plans, chaque élève était invité à réagir, commenter, critiquer, l’image qu’il venait de voir sur l’écran. Que produisait, pour eux, la rencontre entre le mouvement du paysage et celui du cinéma ?
Concerner l’élève au travail d’un autre élève, et pas seulement au sien, aiguise son sens critique et constitue l’un des éléments essentiels de cet atelier dont les deux versants sont l’expérience du regard et la pratique filmique.