2009 — ATELIER CINEMA ET MUSIQUE – SANS PAPIERS

Atelier de réalisation d’un clip vidéo avec un groupe de cinq adolescents, à partir d’une chanson qu’ils avaient composé et enregistré dans le cadre des ateliers de création musicale Crescendo.

Jean-Marc Lamoure raconte:

« En tant que cinéaste et intervenant vidéo, j’ai voulu que l’on commence par se poser la question : à quelles réalités renvoie cette chanson ? Et qu’est ce qu’un clip ?
A la première, on peut répondre que cette chanson parle de la question très actuelle du droit que les hommes ont, ou pas, de se déplacer d’un pays à l’autre, ou de séjourner dans un pays différent de celui où ils sont nés.
Pour définir un clip, on peut dire que c’est une suite d’images souvent de courte durées qui accompagnent une chanson en rythme afin d’en faire la promotion.

Vu qu’on n’avait rien à vendre, on s’est concentré sur le contenu de la chanson en voyant comment l’image pourrait amener les participants de l’atelier à s’approcher du sujet ?
On a donc débattu de la question des « sans papiers » et regardé des clips pour essayer de sentir ce qu’on avait envie de faire, mais aussi ce qu’on avait pas envie de reproduire.
On a ensuite décortiqué le texte de la chanson en imaginant des plans ou des scènes que les participants ont dessiné sous la forme d’un story board qui nous a par la suite permis d’organiser le tournage sur la semaine d’atelier …
Bref, on commençait à jouer aux cinéastes de fiction en mettant en scène, quand le réel s’est invité dans l’atelier. Pour se retrouver, on passait chaque matin devant un groupe vivant dans la rue et n’ayant pour la plupart pas de papiers. Reliant notre atelier vidéo eu réel sur le mode du cinéma documentaire, on a fini par rencontrer ces hommes pour une discussion filmée qui a remué pas mal de préjugés. Forts de cette expérience, nous nous sommes ensuite essayés à la fiction documentaire en faisant évoluer notre acteur en décors réel et parmi des non-acteurs.
Chemin faisant, le groupe s’est initié au cinéma d’animation avec la réalisation d’un Flip Book qui nous rappelle que le cinéma est fait d’une succession d ‘image arrêtées.

Parce que l’image, si on veut la faire sienne, demande de la concentration et une certaine dose de persévérance, l’humeur du groupe n’a pas toujours été rayonnante, mais je retiens de cet atelier l’idée du parcours d’un groupe vers le réel, fait de provocations, de confrontations, et pour finir d’affections.

Enfin, grâce au travail d’Agnès au montage, le rendu de cet atelier s’est enrichi de qualités esthétiques et rythmiques qui me semblent souligner la qualité de l’expérience vécue.”