2020 — ATELIER CINÉMA ET DANSE – MOI COLLÉGIEN, JE DANSE

Ce projet de film entamé en octobre 2019 avec une classe de 3ème du Collège Henri Fabre de Vitrolles (REP+) aborde la large thématique de la discrimination envers les femmes, et de l’inégalité fille/garçon.

Ce travail est réalisé en étroite collaboration avec trois enseignants (français, histoire et EPS).

  • Dates de l’atelier : d’octobre 2019 à mai 2020
  • Séances : 30 heures
  • Lieux : collège Henri Fabre
  • Intervenant(s) artistique(s) : Axelle Schatz
  • Public : élèves de 3ème (REP+)

Méthode

Ma méthode de travail avec les élèves passe par une large session visionnage / écriture afin d’aborder la thématique par différents biais, se questionner, se confronter à d’autres points de vue, et s’exprimer à travers poèmes, discours, textes « à la manière de »…

Cette étape cruciale permet aux jeunes de débattre d’un sujet, de raconter des expériences personnelles et de s’ouvrir à d’autres histoires de vie.

Parallèlement, nous effectuons des exercices de tournage à travers des dispositifs simples afin d’appréhender les techniques audiovisuelles, les règles de tournage et de s’essayer au jeu d’acteur.

Cette année, j’ai rencontré une difficulté majeure avec cette classe de troisième : un groupe-classe qui ne fonctionne pas (en cours comme lors de mes interventions). C’est un élément est très perturbateur lorsqu’on mène un travail d’atelier cinéma.

D’autres barrières avec cette classe concerne directement le sujet traité : les inégalités homme / femme, la place de la femme dans la société, les stéréotypes véhiculés dans les médias, qu’est-ce qu’être un homme / une femme, le féminisme etc…

Au collège de Vitrolles, on ne porte pas de mini-jupe. Et finalement, si les 5 sœurs du film Mustang sont punies par leur oncle, c’est un peu « normal », ça ne se fait pas de monter sur les épaules d’un garçon…

Est-ce la tradition, la religion, les codes de la cité, le manque de curiosité ou l’impossibilité de voir ce qui se passe « ailleurs », la peur de penser différemment de son entourage qui enferment les élèves dans un carcan bien lourd ? Certainement un peu de tout cela.

Malgré tout, en menant une séance de deux heures pour « débriefer » le film Mustang, la plupart des élèves parviennent à comprendre la lutte acharnée de ces 5 jeunes filles et les enjeux de cette fiction.
L’enseignante a travaillé sur le discours d’Emma Watson à l’ONU, je leur montre un court-métrage qu’elle a réalisé.

Elle leur a également fait écrire des slams autour de notre sujet.
Chaque fois, sous forme d’aller-retour, nous visionnons, débattons puis les élèves plein d’idées et de nouveau vocabulaire se mettent à écrire (avec des consignes précises).

Les films

Je décide de leur montrer plusieurs séquences du film documentaire La domination masculine. L’une sur la catégorisation des jouets filles / garçons et une autre sur les livres pour enfants pour analyser les schémas stéréotypés imposés dès le plus jeune âge.

Une autre séquence où un graphiste explique son travail de retouche sur les corps féminins et la construction de l’image de la femme dans les magazines (la majorité des élèves ne veulent pas regarder cette séquence où l’on voit une femme nue mais on se base sur l’audio).

Ils écrivent un nouveau texte sous la forme « On dit Stop ».

Certaines séances ont finalement bien fonctionné, d’autres moins… Nous avons tout de même avancé, réajustant les propositions de travail au fil de mes interventions. Et finalement dans les textes des élèves, on peut se rendre compte que nos débats ont laissé des traces.

Nous avons évidemment abordé les stéréotypes et je les ai fait écrire sur ce qu’est être un homme et être une femme.

Une autre proposition plus « concrète » par groupe de deux : quels sont les problèmes (liés à l’inégalité fille-garçons) rencontrés dans votre vie, au collège ou à l’extérieur, quelle « réponse solution » proposez-vous ?

En ligne face à face, chacun devait poser son problème à son camarade en s’avançant vers lui, le regardant droit dans les yeux (ce qui est en soi un geste compliqué à réaliser pour eux). L’autre faisait de même avec la solution.
Un petit exercice avec un début de mise en scène car au départ, un des aspects de mon projet était de faire « danser » les élèves, de les faire s’exprimer avec des gestes, des attitudes ou plus… Et ça a très bien fonctionné.

Nous avions visionné Les Indes galantes en début de projet pour montrer aux élèves une autre facette de la danse qu’ils imaginent plus en tutu et chaussons. Ils avaient très bien décrypté le sens de cette performance, les interactions entre danseurs, entre groupe et individu, la violence, le combat etc.

Malheureusement avec la mesure de confinement, nous ne pourrons pas poursuivre le projet dans la forme imaginée au départ.

Le confinement suite à l’épidémie de COVID-19

Suite à la fermeture des écoles, nous avons décidé malgré tout avec les enseignants de poursuivre notre travail.

Le tournage prévu en mars avril ne pourra pas avoir lieu et nous avons décidé d’éditer un livret avec des textes dessins et photos réalisés par les élèves.
Nous avons tenté l’expérience, malgré la fracture numérique, le manque d’encadrement familial, et la nécessité pour ces élèves en grande difficulté d’être toujours accompagnés dans leur travail.

Par le biais de Pronote, j’ai demandé d’abord aux élèves de dessiner autour de l’évolution du droit des femmes et ils ont répondu présents ! Dessin, schéma, frise chronologique, citations de personnages célèbres…

Deuxième temps : écriture, photos et dessins pour ceux qui aiment ce média. J’ai déjà eu quelques réponses et j’attends la suite.

Quelques exemples du travail des élèves