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2017 — Atelier chroniques & cinéma, autour du film L’Île de Black Mor

Le Cinéma Utopia accueille des élèves de différents établissements scolaires du département pour la projection d’un film. Sur plusieurs séances dans leur établissement, les élèves sont invités à réfléchir sur ce film et à poser les bases de la chronique audio qu’ils enregistrent à l’issue de l’atelier.

  • Dates: 17 et 24 novembre, et 1er décembre 2017
  • Séances : : séance de cinéma (suvie d’une discussion) + 4 heures d’atelier
  • Lieux : Cinéma Le Fémina et le collège Paul Guathier (Cavaillon)
  • Intervenant(s) artistique(s) : Romain Mercier dit Boris Crack
  • Public : 17 collégiens et un service civique du collège

Dans ce projet, la projection du film est d’ordinaire proposée au cinéma Utopia d’Avignon, coordinateur du projet. Cette expérience à été menée dans trois autres établissements scolaires, une école et deux collèges, à Avignon même.

Au collège Paul Gauthier, l’atelier a été mené avec la complicité de l’enseignante Annie Moretti.

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Récit de l’atelier par Romain Mercier

La Projection

“Les élèves de 6ème collège Paul Gauthier sont allés voir le film d’animation L’Île de Black Mór de Jean-François Laguionie au cinéma de Cavaillon. La projection a d’habitude lieu au cinéma Utopia d’Avignon, sauf quand l’établissement est trop éloigné. Ce qui compte surtout c’est que les élèves sortent pour voir le film dans un cinéma. C’est pour eux l’occasion de faire l’expérience de la projection en salle. De nombreux élèves ne vont que très peu ou pas du tout au cinéma.

Après la projection, une discussion s’engage avec les élèves, pour ne pas qu’ils repartent sans que nous ayons lancé ensemble quelques pistes de réflexion. Quand la séance a lieu à Utopia Avignon ou que je peux me déplacer, je l’anime. A Cavaillon c’est Annie Moretti qui s’en est chargée. Elle m’en a fait le résumé lors de ma première venue au collège.

Elle m’a rapporté un échange très intéressant avec une élève qui s’est dite un peu “choquée” par l’une des scènes du film, une scène où deux adolescents font l’apprentissage du rapport amoureux. Cette scène comporte un élément de nudité. Une jeune fille découvre sa poitrine – se découvre – devant le personnage principal surnommé Le Kid, apprenti-pirate à la recherche de son identité.

Lors de la première séance de 2h en classe, je suis bien sûr revenu avec les élèves sur cette scène, et sur bien d’autres. L’objectif de cette première séance est de retraverser avec eux le film, d’en découvrir les particularités, afin de préparer la rédaction de leur chronique. Le but est aussi et surtout de se servir du film pour établir des ponts, entre le film et le monde, entre le film et l’histoire, entre le film et eux.

Les élèves ont plongé à fond dans ce qu’on appelle l’éducation à l’image. La scène où Le Kid et Petit Moine se rapprochent a été l’occasion d’aborder les différences cruciales qui séparent un film comme celui de Laguionie des vidéos publicitaires qui alimentent la télé et le web à longueur de journée. Les élèves se sont montrés très ouverts d’esprit et ont su reconnaître les techniques que le réalisateur emploie pour mettre en valeur ce qu’ils ont nommé eux-mêmes “la beauté de la féminité”. Ils se sont montrés aussi extrêmement intéressés par la thématique de l’apprentissage et cette quête des origines dans laquelle se lance Le Kid.»


Les Chroniques

«À l’issue de ces discussions, je leur ai proposé de constituer des équipes de 3 élèves. Chaque équipe ayant pour mission de produire, à l’écrit, un premier brouillon de la chronique, notamment de la première partie, qui consiste à présenter le film et les particularités de la mise en scène aux auditeurs.

Le temps qui nous reste est mis à profit pour un autre exercice : la création de ce que j’appelle une “carte cinéma”, qui les aidera à développer la deuxième partie de la chronique, c’est-à-dire leur critique personnelle. Au recto de cette carte, je leur demande de faire un dessin en rapport avec le film. Je leur explique qu’ils ont carte blanche, que cela peut être une scène du film dont ils se souviennent, et qui les a marqués, comme un dessin plus abstrait, mais qui pour eux a un rapport avec le film. Ils ont carte blanche pourvu qu’ils soient capables de m’expliquer ce lien. Au verso de la carte, je leur demande d’inscrire des mots, en relation avec le film et leur ressenti, des mots dont ils pourront se servir pour développer leur critique personnelle. C’est un travail d’équipe mais chacun aura à me donner son avis et à le développer lors de l’enregistrement. Cette carte est aussi l’occasion de garder une trace physique, et du film, et de l’atelier.

Une semaine plus tard, le vendredi 1er décembre, je suis de retour au collège Paul Gauthier. Les élèves sont à la fois excités et nerveux à l’idée de se faire enregistrer. Annie Moretti a poursuivi le travail en classe, elle a repris avec eux leur brouillon à l’ordinateur et la plupart des équipes ont désormais de quoi enregistrer leur chronique. Ainsi, ce travail est pour eux l’occasion de s’exprimer : à l’écrit, à l’oral, face à moi dans le cadre de l’enregistrement, en tant qu’apprentis-journalistes, puis en tant qu’élèves interviewés (quand je reviens sur ce qu’ils ont ressenti en voyant ce film), ainsi qu’au cours de débats en classe ou au cinéma et par le dessin.»

«La classe reste avec Annie tandis que je reçois dans une salle à part, les équipes une par une.
Ceux qui n’ont pas fini leur travail préparatoire finissent pendant les premiers enregistrements. Deux élèves ont décidé de travailler seuls et sont prêts à être enregistrés. Quand ils sont motivés et ont travaillé, je n’y vois pas d’objection.

Je mets les élèves à l’aise. Il ne s’agit pas d’une interrogation orale, l’émission n’est pas diffusée en direct. Le but est de libérer la parole. C’est pour eux, je m’en aperçois à chaque fois, un vrai plaisir de se faire enregistrer. Ils découvrent leur voix. Et leur parole se trouve valorisée. Pour la plupart d’entre eux, c’est la première fois qu’ils entendent leur voix, je veux dire leur voix enregistrée ; ce n’est pas rien. C’est très important pour eux. C’est aussi l’occasion de découvrir que des métiers comme journaliste radio existent.

Même les élèves timides ou qui s’avouent un peu nerveux, finissent par se prendre au jeu. Même les élèves qui ont des difficultés de lecture ou d’expression orale se montrent très motivés et font beaucoup d’efforts pour donner clarté et sens à ce qu’ils disent.

Lors de cet atelier, j’ai eu le plaisir d’enregistrer une chronique en espagnol avec une élève de la section FLE. Arrivée en France 3 mois plus tôt, elle a pris plaisir à répondre à mes questions en français après m’avoir fait sa critique du film en espagnol. C’est la première chronique bilingue que j’enregistrais. D’autres ont vu le jour depuis, notamment au collège Anselme Mathieu à Avignon où j’ai enregistré des chroniques en berbère et en russe !

Les journalistes en herbe se sont succédés dans le studio radio éphémère. Nous avons enregistré 9 chroniques, en faisant en général 2 prises à chaque fois. Annie Moretti m’a confié plus tard que quand ils rejoignaient la classe en salle informatique, après l’enregistrement, c’était avec le sourire, ravis, contents d’eux.

Un petit clin d’oeil à Cyrille, en service civique au Collège, qui m’a fait le plaisir de m’aider à encadrer cet atelier. Mais aussi et surtout le bonheur d’écrire et d’enregistrer sa chronique à lui. L’occasion d’échanger autour du cinéma, de l’histoire, de la politique et aussi de la poésie, Cyrille se révélant être un poète en herbe.

S’en est suivi tout un travail de montage pour aboutir, à partir de ces enregistrements, à des chroniques radio d’environ 3 minutes, auxquelles j’intègre des extraits du film et un générique pour obtenir à la fin de véritables petites émissions dont les élèves sont les présentateurs.

Les chroniques sont alors mises en ligne sur le blog de l’atelier, un blog d’Arte Radio. Il reste à prévoir des horaires de diffusion avec nos radios partenaires. Je suis impatient de connaître la réaction des élèves. Mais je sais qu’ils se sont régalés. Cela s’entend. Cela s’entend et cela s’écoute

En route pour le prochain atelier !»

Paroles de l’enseignante

“Merci Romain pour cette réalisation qui me touche beaucoup et encore davantage en tant qu’enseignante, car il est fort rare en définitive d’entendre ainsi la voix de nos élèves, leur émotion, leur sensibilité, leur diction.”

Les chroniques sont diffusées entre autres sur :
– les blogs et les sites Internet des collèges,
– le blog Arte-Radio,
– les ondes de Radio Campus


D’autres chroniques ont été réalisées autour d’autres films

Le Mécano de la Générale de Buster Keaton

> avec l’école primaire Sixte Isnard (Avignon)

Au-revoir les enfants de Louis Malle

> avec le collège Joseph Vernet (Avignon)

Zéro de Conduite de Jean Vigo

> avec le collège Anselme Mathieu (Avignon)

>> Retrouvez l’intégralité des chroniques réalisées !