2013-2015 — Atelier cinéma, Je t’écris de Marseille

Je t'écris de marseille
Je t'écris de marseille

Je t’écris de Marseille était un atelier d’écriture et de cinéma mené par Opus One et accueilli par le cinéma l’Alhambra entre 2013 et 2015.

Ce dispositif s’adresse à de jeunes adolescents des quartiers du Nord de la ville de Marseille et propose un espace de réflexion, d’expression libre, de création collective sur l’identité, l’histoire et la mémoire de ces quartiers et la place de cette jeunesse dans le monde d’aujourd’hui.

L’atelier abouti à la production de films, de textes et de création video. La diffusion de ces travaux par l’édition de textes et l’organisation de représentations, mêlant projections, lecture et slam permet d’inscrire ces témoignages artistiques dans le patrimoine commun et de faire entendre leur voix dans l’espace publique.

Ces problématiques sont d’autant plus sensibles et importantes que ces quartiers périurbains, liés à l’immigration et à l’histoire ouvrières et industrielle de la ville, sont enclavés tant au niveau géographique que du regard que leur porte le reste de la ville. C’est pourquoi cet atelier s’inscrit dans la volonté d’investir ces territoires et de valoriser ces fragments de vie en invitant ces jeunes gens à s’emparer d’une parole dont ils ont parfois le sentiment d’être privés.

L’écriture est au centre de ces ateliers et préfigure des travaux de réalisation, encadrés par des professionnels. Je t’écris de Marseille est un atelier d’écriture et de cinéma qui offre un espace de réflexion, d’expression libre, de création collective sur l’identité, l’histoire et la mémoire des quartiers Nord de Marseille. L’atelier s’inspire de la tradition de la lettre filmée où chacun se raconte et poétise les lieux de son enfance.

La rencontre avec différents acteurs de la sphère artistique (cinéastes, musiciens, photographes, sociologues…) et les sorties vers des structures culturelles Friche de la Belle de Mai, Mucem, Radio Grenouille nourrissent le travail réalisé en atelier, proposant une belle ouverture sur le monde, sur lequel nous invitons la jeune génération à se questionner.

Les différents soutiens et partenaires

Passeurs d’images, l’association Ancrages, La Politique de la Ville – GIP littoral Nord, L’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances Acsé, le CD13, La ville de Marseille, La Fondation de France et la Préfecture des Bouches du Rhône.

2013
  • Dates : Février à Octobre 2013
  • Durée : 5 semaines réparties sur les vacances scolaires
  • Lieux : Cinéma l’Alhambra (Marseille)
  • Intervenant(s) artistique(s) : Julie Aguttes, Mathilde Tixier, Kiyé Simon Luang, Duval MC, J.F, Marc, Julie de Muer, François Parra, Emilie Aussel, Antoine Héberlé, Sandra Ach et Cédric Deloche
  • Public concerné : Une quinzaine d’adolescents des 15ème et 16ème arr. âgés de 13 à 17 ans, des centres sociaux de la Castellane, de l’Estaque, du collectif des Tuileries et du collège de l’Estaque.

Ce projet a été mené dans le cadre d’une opération École ouverte.

Paroles de Julie Aguttes

Je t’écris de Marseille, autant de lettres pour raconter son quartier, son école, sa famille, ses peines, ses joies et ses attentes. Ces lettres écrites à des correspondants fictifs ou réels pourraient être le point d’orgue d’une mise en voix comme autant de missives lancées dans l’océan des mots, dans l’infini du langage : des adresses et messages à des personnes aimées et lointaines mais jamais envoyés ainsi que des bouteilles jetées à la mer des sentiments et des émotions.
Il s’agit là d’un travail autour de la trace, de la mémoire vive, de la quête, d’une approche qui ferait fi des distances et où l’intime pourrait trouver les mots qui manquent quand le souvenir s’étiole et que l’image de soi s’inscrit de façon trop fragile dans le regard des autres.

La mise en scène des lettres offre les moyens du cinéma pour explorer dans un langage visuel ces territoires, les investir, les comprendre et les faire partager. De la variété des approches de chacun des jeunes participants est né un ensemble de films comme autant d’éléments complémentaires d’une histoire commune qui demeure à construire. L’ensemble des films constitue un objet cinématographique unique afin d’échanger et de débattre autour des revendications de leurs auteurs comme de leur liberté de penser leur vie, ici ou ailleurs.

L’écrivain Mathilde Tixier a conduit l’écriture des lettres; elles ont été nourries par de nombreuses rencontres artistiques et culturelles autour de l’importance de la mémoire : le cinéaste Kiyé Simon Liang, le rappeur Duval MC, le plasticien Jean-François Marc et la sociologue Samia Chabanni.

Nous avons été accueilli dans les studios de Radio Grenouille pour l’enregistrement des textes. A cette occasion, Julie de Muer nous a raconté l’histoire des radios indépendantes et fait découvrir des pièces radiophoniques. François Parra nous a également invité à une promenade sonore.

Une lecture des textes par leurs jeunes auteurs fut organisée au Pavillon M dans le cadre de Marseille 13, capitale européenne de la Culture. Le tournage des films a été encadré par Julie Aguttes et Emilie Aussel. Les techniciens Antoine Héberlé et Cédric Deloche sont intervenus autour du cadre et du son.

En octobre 2014, l’ensemble des travaux 2013-2014 ont été présenté au cinéma l’Alhambra avec une représentation de 1h10 mêlant les projections aux lectures et au Slam.

Une salle enthousiasmée par la qualité des films et des textes et émue par le portrait d’une génération pleine de désir et d’humour, riche de la mixité que dessinent ces films.

2014
  • Dates : Février à Octobre 2014
  • Durée : 4 semaines
  • Lieux : Cinéma l’Alhambra (Marseille)
  • Intervenant(s) artistique(s) : Julie Aguttes, Mathilde Tixier, Régis Sauder, Marc Mercier, Émilie Aussel et le duo de musiciens Postcoitum.
  • Public concerné : 15 Collégiens du collège de l’Estaque

Ce projet a été mené avec la collaboration d’Aude Ansaldo, enseignante au collège de l’Estaque, dans le cadre d’une opération École ouverte. A partir de graffitis glanés sur les murs de la ville, l’idée était de travailler à la réalisation d’une série de films courts, les Video-tracts, dans lesquels se manifeste leur questionnement et vision de la société. Avec le Vidéo-slam nous avons expérimenté une nouvelle forme mêlant vidéo, musique et textes live.

Paroles de Julie Aguttes

Pour ouvrir ce nouvel Opus nous avons rencontré au Mucem, Régis Sauder qui présentait une installation/parcours réalisé avec des jeunes gens du pourtour méditerranéen. Avec Marc Mercier, poète activiste et programmateur des Instants Vidéo à Marseille, c’est l’art vidéo qui s’est invité à notre table. Deux jeunes étudiants du Satis (Sciences Arts et Techniques de l’Image et du Son) sont intervenus pour une formation technique (son et image) auprès de nos jeunes réalisateurs en devenir.

La réalisation des films a été encadrée par Julie Aguttes et Régis Sauder. Nous avons monté les films sur la table Mash-up, outil de montage ludique. Cette année, nous avons aussi expérimenté une nouvelle forme avec le Vidéo Slam. LeVideo Slam,  pièce de 15 mn, met en scène une série de textes élaborée avec Mathilde Tixier et mis en voix avec la collaboration du duo de musiciens Postcoitum, dans lesquels il est question d’amour et d’humanité.

La pièce vidéo a été tournée dans un bâtiment abandonné perdu dans les collines de l’Estaque. Un groupe d’adolescents errent dans ce lieu abandonné. Se sont-ils retirés à l’écart du reste du monde ou sont-ils les seuls rescapés d’une quelconque catastrophe ? A travers une série de tableau-vidéo, nous les suivons. Alors qu’ils semblent avoir perdu l’usage de la parole, ils écrivent sur les murs les mots qu’ils ne voudraient certainement pas oublier (et qui font écho aux textes déclamés) : AGIR, PASSION, AMOUR, SOLEIL, INSOUMISE, HUMANITÉ.

En octobre 2014, nous avons présenté au cinéma l’Alhambra l’ensemble des travaux 2013-2014 avec une représentation de 1h10 mêlant les projections aux lectures et au Slam.
Une salle enthousiasmée par la qualité des films et des textes et émue par le portrait d’une génération pleine de désir et d’humour, riche de la mixité que dessinent ces films.

Diffusion
Restitution au cinéma l’Alhambra

2015
  • Dates : Trois sessions – février, avril et juillet 2015
  • Durée : 13 journées
  • Lieux : Centre Social la Castellane et Cinéma l’Alhambra, Marseille
  • Intervenant(s) artistique(s) : Julie Aguttes, Mathilde Tixier, Meyer, Émilie Aussel, Julie de Muer, Ahmad Compaoré et Duval MC.
  • Public concerné : 15 adolescents du centre social de la Castellane
  • Diffusion : Projection du film d’atelier et lectures pour la Journée Européenne du Patrimoine
  • Projet soutenu par le dispositif Passeurs d’Images

Paroles de Julie Aguttes

FÉVRIER

J1 – L’atelier d’écriture et de cinéma Je t’écris de Marseille, réouvre ses portes pour une nouvelle aventure : premier jour, rencontre du groupe avec Ana Eulate, chorégraphe.

J2 – Nous avons commencé la série des Vidéo-duo dans lesquels en binômes, les jeunes participants, en prenant tour à tour la posture du filmé puis du filmeur, échangent autour du projet qu’ils souhaiteraient réaliser pour aborder le thème de l’Altérité. C’est autour de la question des tensions identitaires et du rôle des médias que les échanges s’orientent. Les attentats au journal de la rédaction de Charlie ont à peine un mois tandis que la cité de la Castellane, où la plupart d’entre eux grandissent, elle aussi connait une actualité émaillée d’évènements violents qui effraient les familles autant qu’elles les stigmatisent dans le regard des autres.

J3 – Nous avons passé la journée avec Meyer, photographe du collectif Tendance flou avec lequel nous avons abordé la question du portrait interrogeant toujours le regard que l’on porte les uns sur les autres. C’est ainsi que nous avons expérimenté un dispositif qu’il a souvent exporté dans de petits villages africain. On se tire le portait et on choisit un fond pour se projeter.
Nous avons aussi, avec Duval MC et Mathilde Tixier, fait des impros, des joutes verbales, des jeux d’écriture, des lectures pour mettre nos verbes et nos pensées au travail.
Les échanges sont riches et intenses. Et nourrissent le projet du film à venir.

J4 – Toujours dans la perspective de travailler sur le regard et le portrait, sur “qui sommes-nous ? qui est l’autre ?” un peu chaque jour, nous avons joué à : “je suis, je ne suis pas”. Aujourd’hui, ce sont Lalao et Léo qui ont réalisé leur entretien vidéo.
Des moments privilégiés pour se raconter et évoquer les thématiques qu’ils ont décidé de traiter dans le film à venir.
Il ne reste plus que Berat et Romain et l’équipe sera au complet !

J5 Dernier jour d’une semaine riche en échanges et fruit de belles rencontres. Nous avons commencé à regarder les entretiens réalisés les uns et les autres. Finalisé les portraits fabriqués avec Meyer. Mathilde et Lalao ont, de leur côté, compilé des bribes de textes écrits ou improvisés dans la semaine.

AVRIL

J1 – Pour cette session printanière, Ibrahim, Lalao, Mamoune, Yacine, Tefarick, Leo, Lorca, Amir, Belkir (+ 2 noms) ont pris la plume.
« Tout s’est-il envolé ? j’appelle sans qu’on me réponde ? », inducteur d’écriture que nous avons pioché dans les contemplations de Victor Hugo a donné naissance à ce beau texte que nous vous livrons en exclusivité.
Côté cinéma, nous avons ouvert les festivités avec le cinéma de Emilie Aussel venue présenter les courts-métrages qu’elle a réalisés à Marseille : Ignorance invisible, Do you believe in rapture et Petite Blonde. Il était question de leur faire découvrir son univers cinématographique et le travail entrepris, pour chacun d’eux, avec des comédiens non-professionnels.

J2 – Aujourd’hui, nous avons travaillé la comédie en proposant une série d’improvisations proposées à partir des discussions autour des textes écrits ensemble : un fils annonce à son père qu’il quitte le quartier pour étudier ; le père reçoit la nouvelle avec amertume ; un jeune garçon dévoile à l’élue de son coeur ses sentiments ; un jeune sportif talentueux annonce à son entraineur qu’il quitte le club ; un autre se réfugie auprès de son ami car il s’est laissé entrainer dans un mauvais coup ; une bande de potes joue aux cartes et discutent de la chance, du destin et du mektou.
Tour à tour, ils sont le fils, le père, une jeune fille, un prof, l’ami. L’AUTRE, le mot clé de la saison 2015.
À travers, ce travail, nous abordons la question de la comédie pour laquelle ils ont tous montré de l’engouement et de la créativité. Le travail autour de ces improvisations a aussi offert la possibilité de se projeter dans l’autre, pour l’interpréter, le père, le fils, la jeune femme, le prof etc….
Nous avons filmé les improvisations, pour que chacun puisse s’approprier la caméra et, aussi pour y revenir et poursuivre l’écriture des dialogues et travailler la caractérisation des différents personnages.

J3 – Lalao, Leo et Lorca ont planché sur l’écriture d’un clip pour mettre en scène le texte de Lalao, jeune auteur talentueux et sensible.
A partir des jeux d’écriture automatique et des improvisations, la réalisation vidéo est le fruit d’une écriture plus longue à éclore.

J4 – Aujourd’hui, les femmes du comité de rédaction de La baguette magique, le magazine de la Casté sont venues nous rencontrer. Elles ont regardés en projection les premiers portraits video réalisés à l’Alhambra en février.
Elles ont ensuite pris leur plume pour écrire des textes en arabe ou en français, à partir du même inducteur que les jeunes de l’atelier « Tout s’est-il envolé, j’appelle sans que l’on me réponde. »

JUILLET

Pendant 3 jours, nous avons préparé la Journée Européenne du Patrimoine prévue en septembre par un travail avec Mathilde Tixier sur la lecture des textes.
Nous avons rencontré le musicien Ahmad Compaoré à son atelier de la Friche Belle de Mai et découvert son univers musical. Il nous accompagné sur les lectures des textes.
Julie de Muer est également venue présenter son travail de réalisations sonores autour des balades patrimoniales co-produit avec Radio Grenouille.

SEPTEMBRE

Le 19 Septembre, sur invitation de Hôtel du Nord, nous avons participé à la Balade du Pradel « A saut de cités » qui, dans le cadre de la Journées Européennes du Patrimoine était destinée à faire découvrir des quartiers peu visités.
Sillonnant les collines du Plan d’Aou jusqu’à la cité de la Castellane, nous avons filmé les lectures et projeté le court-métrage réalisé en 2013 (en partie à la castellane) et les premiers portraits et comédies réalisés en 2015 au complexe sportif du centre social de la Castellane où étaient accueilli le public.

2016
  • Dates : De février à octobre 2016
  • Durée : 15 demi-journées
  • Lieux : Cinéma l’Alhambra, Centre Social Bassin de Séon, la Déviation, le Frioul (Marseille)
  • Intervenant(s) artistique(s) : Julie Aguttes, Mathilde Tixier, Émilie Aussel et Jean-François Comminges.
  • Public concerné : 12 adolescents (13-16 ans) du secteur jeunesse du Centre Social
  • Projet soutenu par le dispositif Passeurs d’Images et la Politique de la Ville

Paroles de Julie Aguttes

« La première session de l’atelier s’est tenue pendant les vacances d’Avril. Nous avons commencé par rencontrer le réalisateur Jean-François Comminges autour de son film « Momo » et « les Noillaux ». Il s’agissait de leur faire découvrir son dispositif filmique de rétroprojection et de parler de la rencontre à l’autre et de sa mise en scène. Lors de cette session nous avons aussi été découvrir l’exposition au MUCEM, « Algérie, généalogie d’un territoire » dans la perspective d’ alimenter le désir de se raconter et de questionner les modes de représentations de l’histoire.

Nourris des jeux d’écriture animés par la poétesse Mathilde Tixier, ils ont imaginé un court film sur l’attente d’un train qui ne viendrait peut-être jamais : Le train N° 00213 entrera en gare à 26H08….Eloignez-vous de la bordure du quai … Et des pensées noires ! Merci de votre inattention et bonne vie ! La compagnie des trains incertains est heureuse de vous accueillir sur son réseau …
Nous avons tourné dans la gare abandonnée de l’Estaque, lieu dans lequel ils aiment se retrouver.

Nous nous sommes retrouvés en Juillet autour du cinéma de Emilie Aussel avec trois court-métrages qu’elle a réalisés à Marseille avec de jeunes comédiens non-professionnels. Nous avons suite aux projections travaillé sur des improvisations mettant en scène la relation à l’autre, traversé toujours par la question de l’ailleurs : une fille annonce à son père qu’elle veut partir faire une carrière de danseuse de rue à Londres, elle y éprouve le regard des autres, une jeune fille s’oppose au départ de son amie tentée de partir découvrir son pays d’origine, une autre jeune fille veut quitter le quartier à cause de fausses rumeurs.
Les scènes d’improvisations ont été filmées à la Déviation à l’Estaque, nouveau lieu alternatif du Nord de la Ville où nous avions installé un studio de tournage et expérimenté le principe de rétroprojection.

La troisième session de l’atelier s’est tenue en octobre, lors de laquelle nous avons travaillé sur une série de lettres. « Quand tu liras cette lettre, je serais déjà parti » est l’inducteur d’écriture utilisé pour déployer des récits autour de ce qu’ils laissent – leur vie au présent – et de ce qu’ils aimeraient trouver embrassant rêve et espoir des uns et des autres.
Deux d’entres elles ont été mises en image, tournés aux iles du Fioul puis montés au cinéma l’Alhambra. »