Marianne Mayrand, professeure référente Étudiant.es au cinéma : « Pour nos étudiants, le dispositif ouvre plein de belles opportunités »

La première expérimentation régionale du dispositif Étudiant.e.s au cinéma s’est déroulée avec une dizaine d’étudiantes du BUT Techniques de commercialisation de l’IUT Saint-Jérôme : il était l’un des projets tutorés proposés au sein du cours « Expression communication culture » de la professeure Marianne Mayrand.

Celle-ci revient sur la participation de ses étudiantes et cette première expérience.

LE PÔLE : Au départ, pourquoi avez-vous accepté de vous associer au dispositif ?

MARIANNE MAYRAND : Au sein de mon cours « Expression communication culture », les étudiants font des projets tutorés. L’objectif est d’appliquer ce qu’ils apprennent en classe à des projets concrets, menés avec des acteurs extérieurs. Ainsi, ce dispositif, qui invite les étudiants à organiser des soirées dans un cinéma pour y faire venir d’autres étudiants, entrait tout à fait dans ce cadre. J’ai donc très vite accepté d’y participer.

Plus largement, nous avons à l’IUT une vraie volonté d’encourager les pratiques culturelles chez nos étudiants. Là encore, en invitant les étudiants à aller au cinéma, le dispositif nous a paru intéressant.

Comment avez-vous fait pour recruter les étudiantes ?

Nous avons d’abord organisé en fin d’année dernière une rencontre entre les étudiants de première année intéressés par ce projet, et les partenaires : Céline Berthod qui s’occupe de la coordination, et Maéva Ngabou qui est médiatrice au cinéma Les Variétés et qui a accueilli le dispositif toute l’année. Elles ont présenté le projet, ses enjeux, ce que l’on souhaitait réaliser, et nous avons aussi explicité le lien entre la formation et ce projet : communiquer sur des films, réfléchir à un public cible, etc.

Ensuite, une dizaine d’étudiantes se sont portées volontaires pour participer au dispositif. Certaines cinéphiles, d’autres moins… Mais toutes ont montré de la curiosité, parfois une jolie culture cinématographique et un vrai intérêt pour la découverte de nouveaux films.

Concrètement, en quoi consiste le dispositif ?

Toutes les trois semaines environ, les étudiantes sont allées au cinéma pour voir des films, faire des formations, rencontrer des professionnels. En dehors de ces heures de présence, elles travaillaient, en lien avec le cinéma, à l’organisation de soirées : programmer, sélectionner des invités, imaginer des animations, communiquer, etc. 4 soirées ont ainsi été organisées entre septembre 2024 et mars 2025.

Au départ, nous avions établi un nombre de rencontres et d’heures… Mais nous sommes restés souples : dans la mesure où nous sommes sur un projet nouveau, nous avons souhaité garder la possibilité de nous adapter aux besoins des étudiantes, et du cinéma.

En tant qu’enseignante, quel est votre rôle dans ce dispositif ?

Mon rôle est de faire le lien entre les étudiantes et les partenaires : Les Écrans du Sud, et le cinéma Les Variétés. Je m’assure que les étudiantes sont toujours investies, je les accompagne, je valide leurs contenus (par exemple les supports de communication qu’elle produisent), je les conseille. Même si elles travaillent en lien direct avec les partenaires, il est rassurant pour elles d’être en lien avec un enseignant qu’elles connaissent, qui les guide sur la manière dont elles peuvent travailler et s’organiser.

Néanmoins, je veille à rester dans une posture d’accompagnement : les projets tutorés sont pensés pour encourager les étudiants à gagner en autonomie, et l’objectif est donc qu’elles prennent leurs propres décisions et s’organisent par elles-mêmes.

Pour vous, quelles sont les réussites de cette première année d’expérimentation ?

Je pense que les étudiantes y ont pris beaucoup de plaisir, malgré le travail assez conséquent que cela leur a demandé – et qu’elles n’avaient pas forcément anticipé. Pour certaines, cela les a aussi initié à une consommation culturelle différente de celle qu’elles avaient habituellement.

Et surtout, cela leur a donné l’opportunité de découvrir un milieu professionnel qu’elles ne connaissaient pas forcément, et de comprendre que ce type de secteur peut aussi avoir besoin de leurs compétences !

D’un point de vue pédagogique, quelles compétences ont-elles développé ?

J’ai observé de vrais progrès sur la confiance en soi. Certaines étudiantes, plutôt introverties, se sont libérées au cours de l’année. La formation prise de parole y est pour quelque chose, mais aussi l’animation de soirées, le contact du public, les échanges.

En matière de compétences professionnelles, elles ont aussi gagné en rigueur, et ont mieux compris ce qu’est la communication, comment garder une cohérence, comment anticiper.

Avez-vous expérimenté des difficultés particulières ?

Globalement, elles ont été très investies et assidues : elles ont toujours été présentes aux événements – sauf en cas de force majeure. C’est à souligner, car le cinéma est éloigné de l’IUT, les horaires sont parfois tardifs, etc.

Si je devais souligner une difficulté, je dirais que le projet a peut-être manqué de temps : de temps d’organisation, de temps au cinéma, de temps de formation aussi. De leur côté, je pense qu’en s’engageant dans le projet, elles n’avaient pas réalisé l’investissement que ça demandait… C’est peut être quelque chose à souligner au moment de l’inscription dans les années futures.

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